Dans le cadre de la venue des partenaires internationaux de Solidarité Sida en France et plus particulièrement à Solidays, nous avons organisé à quelques jours du festival une table ronde avec Tessia (Serment Universel, République du Congo), Gratien (SOS Sida, République Démocratique du Congo) et Saly (Association Dispensaire Trottoir, Burkina Faso). Animée par Sébastien Folin, cette rencontre a été une belle occasion pour renforcer les échanges avec les bénévoles présents à Longchamp pour le montage.
Au fil des récits, tantôt émouvants, tantôt choquants, les années de partenariats, les problématiques terrains et les enjeux nous ont été contés par Tessia, Gratien et Saly.
Informer et éduquer au delà des préjugés
Si le VIH reste un facteur universel de discrimination, cette problématique prend pour eux une place importante surtout lorsqu’on y ajoute le manque d’information quasi total sur la sexualité et ses risques ainsi que le manque criant de prévention et de dépistage.
Une part importante du travail de Tessia, Gratien et Saly, chacun à leur niveau et dans leur pays respectif, consiste en premier lieu à lutter contre la désinformation et les préjugés mais aussi à réussir à atteindre les populations concernées par la maladie. Gratien de SOS Sida en RDC nous dresse un état des lieux des outils qu’ils utilisent, entre réseau de sensibilisateurs (notamment auprès des femmes enceintes) ou dispositif d’information pour les jeunes fondé sur le divertissement (bandes dessinées, concerts).
De plus, les 3 associations soulignent la nécessité d’un accompagnement psychologique des personnes concernées par le VIH, de près ou de loin ; il ne s’agit pas seulement de soutenir les personnes séropositives, mais aussi d’accompagner les proches, les conjoints, la famille.
Comprendre le contexte : guerre et sorcellerie
La rencontre avec Saly, Gratien et Tessia a permis une prise de conscience énorme pour nos bénévoles Solidarité Sida, notamment par le choc de leurs récits. Ils ont parlé des contextes auxquels ils font face : des violences sexuelles jusqu’à l’impact considérable de la sorcellerie en passant par la guerre, les témoignages plongeaient parfois dans l’horreur.
La violence est au cœur des récits et nécessite une approche et des outils particuliers, comme le souligne Tessia. Serment Universel a mis en place un numéro vert pour que les femmes victimes de violences conjugales puissent être accompagnées et informées de leurs droits. L’Association Dispensaire Trottoir dispose également d’une aide juridique, qui reste cependant peu utilisée, les victimes refusant la majorité du temps de porter plainte.
La démarche, déjà rendue ardue par le contexte social de nos partenaires, est plus difficile encore dans des pays où la sorcellerie conserve une influence considérable sur les thèmes de la maladie et de la mort. Pour faire face aux superstitions et aux croyances traditionnelles, les associations doivent s’imposer auprès des séropositifs comme remède rationnel contre ce virus incurable.
Solidarité Sida, Solidays et les partenaires internationaux
Face à toutes ces difficultés qui font de leur travail une entreprise admirable, nos partenaires trouvent aussi un soutien nécessaire auprès des populations. Là où l’État n’apparait pas, les associations sont accueillies comme salvatrices, a tenu à souligner Gratien. À cela s’ajoute la solidarité des associations entre elles et la solidarité internationale, à l’image de celle dont témoigne le partenariat avec Solidarité Sida. Pour nos trois intervenants, Solidays, en plus du soutien tout au long de l’année découlant du partenariat, est un véritable moment d’espoir et de motivation.
L’attention de tous les festivaliers et l’écoute des équipes chargées de les accompagner ainsi que l’ensemble des ateliers qu’ils ont pu faire en France, sont une étape précieuse et forment une double dynamique profitable aux partenaires et à Solidarité Sida.